Croissance,
décroissance, un débat, une réflexion
qui me sont chers. J’avais déjà lu plusieurs articles de Dominique Méda,
sociologue, en particulier dans des publications d’Utopia. Ses écrits portaient
en général sur la valeur travail, une autre mystique qu’elle s’appliquait à
démonter de manière efficace. Concernant la croissance, et « comment s’en
libérer » (sous-titre de l’ouvrage), j’avoue humblement avoir beaucoup
pataugé. En gros, il s’agit, pour un certain nombre de chercheurs, d’experts,
de remplacer les indicateurs économiques actuels (principalement le PIB) par
d’autres indices qui permettraient de mieux prendre en compte la vraie vie des
gens (indices de bonheur, de bien vivre, etc.). C’est sans doute intéressant,
mais que c’est complexe ! Dominique Méda ne sait pas rendre cela
réellement accessible. Je lis régulièrement dans la revue « Silence ! »
des propos plus clairs et plus convaincants sur la nécessité de combattre la
notion de croissance infinie.
De plus, il me
semble qu’il y a quelque chose de gênant dans le fait de chercher à combattre
nos adversaires (les capitalistes, version libérale moderne) en utilisant les
mêmes armes qu’eux. Est-il possible d’imaginer une vie sans indice, sans
indicateur de bonheur, sans une quantité de chiffres, de nombres, qui réduisent
la vie des individus à une somme de graphiques incompréhensibles ? Je milite
pour un Parti pour une Vie sans Indices de Bonheur ou de Malheur (PVIBM).
Autre problème
à mon sens : la démocratie. La complexité avec laquelle est abordée cette
« Mystique de la croissance » ne sert en rien la démocratie, puisque
seuls les initiés peuvent participer à ce type de débat. Il faut en effet se
torturer les méninges pour bien comprendre, et accepter une règle du jeu pas
réellement démocratique : de nouveaux indicateurs (de bonheur ? de
non malheur ?) permettront de combattre la notion de croissance illimitée
que nos gouvernants nous imposent à longueur de discours. Si on s’en tient à ce
seul débat d’experts, la décroissance continuera à passer pour un concept
obscur, qui fait peur, et qui semble ne pas avoir de prise sur la réalité.
Or, nous
sommes déjà dans une société où la croissance marque inéluctablement le pas. Ça
va continuer dans nos sociétés occidentales. Car même dans les sociétés en
développement (Chine, Inde, Brésil, etc.), elle marque le pas. Ce n’est plus la
peine de parler de décroissance. La croissance, c’est fini, et il faut passer à
autre chose. La seule décroissance à obtenir, c’est celle du niveau de vie des
classes supérieures. La redistribution doit accompagner l’arrêt de la
croissance. La planète nous montre ses limites chaque jour un peu plus. La
vraie course, ce n’est pas dans les chiffres ou les nombres qu’elle se trouve.
C’est contre le temps. Arrêter la croissance avant qu’il ne soit trop tard.
Il faut donc
répéter que l’on n’a pas le choix, que la consommation infinie est en train de
s’arrêter, et que ça peut être un vrai bonheur de le constater. La prise de
conscience est en train de se faire. Lentement sans doute. Trop lentement
peut-être.
Pour que tout
le monde puisse vraiment s’emparer de ce débat sur la croissance, il faut des
bouquins. Certes. Celui-ci en est un, parmi d’autres. Mais surtout, il faut
passer à l’invention. L’invention de l’après croissance, qui est déjà en
marche.
Sans tambours
ni trompettes, sans courbes ni chiffrages inutiles, il est temps de construire le monde de l’après
croissance.
Magasin Bloomingdale's, un des nombreux temples de la consommation à New York - octobre 2013 |
Hôtel Negresco - Nice - septembre 2010 - Je me goberge, tu..., ILS SE GOBERGENT !.... |
Aucun commentaire:
Publier un commentaire